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Évangile selon Saint Marc 12.38-44 (Parallèle Luc 20,45-21,4)


Le denier de la veuve.

Que vous êtes bon, mon Dieu, d’accepter ainsi les dons des pauvres, non seulement de les accepter, mais de les déclarer, quand on donne tout ce qu’on a, supérieurs à ceux des riches, qui tout en donnant beaucoup, ne donnent pas tout leur vivre… Que vos paroles sont douces pour les pauvres, mon Dieu, puisque vous leur rendez possible, facile, de donner autant que les plus riches. Et ces paroles, comme tant d’autres, tendent à nous vider de tout le créé, à nous détacher de tout ce qui n’est pas vous, pour nous faire vous aimer uniquement, ô mon Dieu ! En effet, si les plus pauvres peuvent donner autant que les plus riches, et si les richesses n’ont d’autre avantage que de pouvoir faire l’aumône, à quoi celles-ci sont elles bonnes ? Vous leur faites perdre, par vos paroles présentes, ce seul avantage : elles ne sont donc utiles absolument à rien. (Et en effet : 1°) Dieu infiniment riche, s’il veut faire du bien matériellement aux pauvres, peut le faire sans nous, tandis que nous au contraire, nous ne pouvons le faire sans lui ; 2°) nous-mêmes, par la prière, pouvons bien plus soulager les besoins matériels du prochain que par aucun autre moyen, car, par la prière, nous puisons dans les trésors inépuisables de Dieu.)
Donnons, comme la veuve, tout notre vivre… Soyons généreux… Donnons tout pour Dieu… Dieu nous rendra dans la mesure où il nous faut ; il nous l’a promis : « Cherchez le royaume de Dieu et sa justice et le reste vous sera donné par surcroît ». .. Ayons de la foi : donnons tout ce que Dieu veut que nous donnions, sans limite, sans mesure… par obéissance à sa volonté… par amour pour faire ce qui lui plaît, avant tout… en esprit de foi, convaincus que Dieu, à cause de la parole qu’il nous en a donnée, ne peut manquer de nous donner tout ce qu’il nous faut dans la mesure où il nous le faut (non pas toujours peut-être dans la mesure la plus agréable pour notre corps, mais toujours dans la mesure la plus avantageuse pour notre âme)… Soyons donc généreux ! Donnons comme la veuve, sans hésiter, tout ce que nous avons, « tout notre vivre » : nous l’avons reçu de Dieu seul. Dieu le redemande et nous ne le donnerions pas ? Donnons-le généreusement, comme elle le donne… Quand même Dieu ne nous le rendrait pas, quand même nous mourrions de faim, pour l’avoir donné, heureux, heureux serions-nous, de mourir de faim pour avoir fait ce que demandait de nous l’amour de Jésus, pour avoir obéi à notre Bien-aimé… Si nous mourons de faim pour cela, si nous souffrons pour cela, nous mourrons par pur amour, nous souffrirons par pur amour : que peut-il nous arriver de plus heureux ? « Heureuses, heureuses mille fois les carmélites de Saint-Joseph d’Avila, si elles mouraient pour un tel motif », disait sainte Thérèse à ses filles… Et en effet, mourir, souffrir pour l’amour du Bien-aimé, qu’y a-t-il de plus fortuné ?.. Soyons donc généreux, généreux sans mesure, puisque cette générosité, quand elle est selon la volonté de Dieu, ne peut, soit dans la vie, soit dans la souffrance, soit dans la mort, que nous apporter le plus doux des biens, l’union à Jésus dans son amour, l’accomplissement de la volonté du Bien-aimé, l’accomplissement de ce qui plaît au Bien-aimé… Et n’ayons pas l’ombre d’estime pour les biens terrestres, ne les recherchons en rien : Dieu est plus riche que nous, il n’a pas besoin de nous pour faire l’aumône aux pauvres ; ce que nous acquérons nous est donné par lui seul, il lui est aussi facile de le donner directement aux pauvres que de le leur donner par nos mains… D’ailleurs par nos prières nous pouvons soulager les infortunés, les pauvres, mille fois plus que par les richesses matérielles, car par elles nous puisons dans les richesses infinies de Dieu… Le plus pauvre solitaire, un Paul ermite, peut par ses prières répandre plus de consolations et d’aumônes sur la terre que les plus riches souverains… Comme sainte Thérèse, par ses seules prières, convertit, dit-on, autant d’âmes que saint François-Xavier par son apostolat… Ne recherchons donc pas les biens matériels, ne leur donnons aucune estime ! Cherchons le seul amour de Dieu, la sainteté, « le royaume de Dieu et sa justice » et soyons sûrs que nous ferons par là le plus grand bien possible, même matériellement, au prochain[[M/408, sur Lc 20,41-21,4, en C. DE FOUCAULD, L’imitation du Bien-Aimé, Méditations sur les Saints Évangiles (2), Nouvelle Cité, Montrouge 1997,112-114.]].