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Évangile selon Saint Matthieu 5,13-16


« Vous êtes le sel de la terre. Si le sel s’affadit, avec quoi le salera-t-on ? Il n’est plus bon qu’à être jeté et foulé aux pieds. » [5, 13]

Oui, vous, vous âmes religieuses, vous qu’aimant de toute éternité, j’ai attirées à moi dans ma pitié, en vous comblant de grâces toutes particulières ; vous que j’ai choisies pour être mes favoris, mes privilégiés, le cortège qui me suit partout où je vais, vous à qui j’ai donné « la meilleure part », vous que j’ai pris avec moi pour partager toute ma vie, être sans cesse autour de moi, passer vos jours et vos nuits à mes pieds, entendre à toute heure ma parole, vous nourrir chaque jour de mon corps, partager mon foyer de Nazareth, ma grotte au désert, mes courses évangéliques, vous que j’ai élevées tellement au-dessus des autres âmes, par les grâces gratuites dont je vous ai inondées, « vous êtes le sel de la terre ». … Comme le sel empêche les viandes de se corrompre, ainsi vous, par votre sainteté, vos prières, vos sacrifices, vos exemples, vos paroles, vous empêchez le monde de tomber dans une corruption, une pourriture totale… Mais si à votre tour vous vous affadissez, si vous perdez la ferveur qui est votre piquant, si votre amour n’est plus assez brûlant pour rendre votre sainteté réelle, vos prières ardentes, vos sacrifices acceptables, vos exemples semblables aux miens, vos paroles l’écho des miennes, alors que devenez-vous, malheureux qui avez abusé de tant de grâces ? … Vous ne faites plus le bien que font les chrétiens honnêtes dans ce monde. Vous ne faites pas celui que font les bons religieux. Vous n’êtes bons qu’à être jetés et foulés aux pieds par tous les hommes : Vous êtes le rebut de la terre, digne du mépris universel. Vous êtes des lâches, vous aviez des grades élevés dans l’armée de Dieu, vous aviez beaucoup de soldats sous vos ordres, vous avez capitulé au premier choc, rendu tous vos soldats à l’ennemi et vous reparaissez seuls et sans armes, déshonorés et les derniers des hommes. … Soyez fervents, âmes religieuses, vous mes sœurs, mes colombes, mes épouses, nourries dans mon sein, cachées dans le secret de ma face, tant élevées au-dessus des autres âmes, montrez-vous dignes de votre bonheur. Que vous demandai-je pour cela ? Uniquement de m’aimer. Est-ce donc si difficile[[C. DE FOUCAULD, Commentaire de Saint Matthieu. Lecture Commentée de l’Évangile, Nouvelle Cité, Paris 1989, pp. 242-243]] ?