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« Si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme, vous n’aurez pas la vie en vous. »

Que vous êtes bon, mon Dieu, de nous faire un précepte si sévère de la chose du monde qui nous est la plus douce !.. Que vous êtes bon, fidèle à votre dessein d’« allumer un feu sur la terre », de prendre, en instituant la sainte Eucharistie et en nous ordonnant si fortement de la recevoir et de la recevoir souvent, un moyen si fort pour nous unir à vous par l’amour, pour nous établir dans votre amour !.. Nous unir à vous par la sainte communion, nous unir à ce point à votre cœur qui bat quelques instants en nous, à votre corps qui est quelques instants dans notre corps, à votre âme qui se trouve quelques instants dans notre corps avec notre propre âme, quoi de plus propre, mon Dieu, à « allumer en nous ce feu » de l’amour divin que vous êtes venu porter sur la terre ? Ô mon Jésus, comment n’aimerions-nous pas Dieu, quand vous l’aimez vous-même en nous si souvent ? Comment n’aimerions-nous pas Dieu, quand la source de toute perfection et de tout amour s’unit à nous si étroitement ?.. Quand Dieu lui-même se serre contre nous, entre en nous, si tendrement, si suavement, si bienheureusement !.. Oui, de plus en plus, dans ce quatrième Évangile, vous nous établissez dans votre amour par la vie de foi, l’obéissance, la sainte Eucharistie, après nous y avoir préparés, dans les trois autres, par le détachement, le vide de toutes les jouissance sensibles.
Communions aussi souvent que nous le pouvons ; ne communions pas, que lorsqu’il y a impossibilité matérielle ou que nous avons la certitude, en conscience, que la volonté de Dieu est que nous ne communiions pas. Et tâchons, par les moyens que Dieu nous donne, suivant la mission que nous recevons de lui, de faire que le plus grand nombre d’âmes possible reçoivent la sainte communion aussi souvent que Dieu le demande d’elles
[[M/450, sur Jn 6, 53-54, en C. DE FOUCAULD, L’imitation du Bien-Aimé, Méditations sur les Saints Évangiles (2), Nouvelle Cité, Montrouge 1997, 167-168.]].

« Comme je vis par mon Père, ainsi celui qui me mange vit par moi. »

Que vous êtes bon, mon Dieu, et quelle parole infiniment douce !.. « Vivre par vous », vivre de vous, de votre inspiration, vivre non plus de notre vie naturelle, mais de votre vie divine, vivre de telle manière que nous pouvons dire comme saint Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est Jésus qui vit en moi »… Voilà la vie que produira en nous la sainte communion, si nous la recevons dignement, voilà l’effet qu’elle doit produire, voilà ce à quoi vous nous invitez, voilà ce que vous voulez établir en nous en nous ordonnant de communier, de communier souvent… Que vous êtes bon, mon Dieu !.. Que vous êtes bon, non seulement de vous donner à nous dans la sainte communion, ce qui est déjà une grâce sans pareille et sans nom, mais encore de nous ordonner de la recevoir souvent, et enfin, pour porter le comble à des bontés qui semblent ne plus pouvoir être augmentées (à Dieu tout est possible), de nous apprendre l’effet quelle produira en nous, un effet si divin qu’il doit être l’objet de tous nos désirs, de toutes nos prières, qu’il suffit pour faire que nous fassions en tout le plus parfait, que nous glorifiions Dieu autant qu’il le veut de nous, que nous fassions en tout sa volonté, que nous lui plaisions à tout instant autant qu’il nous est possible, cet effet, c’est qu’en nous comme en saint Paul, « ce ne soit plus nous qui vivions, mais Jésus qui vive en nous »… Mon Dieu, que vous êtes bon de poursuivre avec cette force, cette constance, ce but si bienheureux pour nous «d’allumer un feu sur la terre», d’allumer en tous les hommes le feu de l’amour de Dieu ! Avec quelle joie vous nous établissez dans l’amour divin par la sainte Eucharistie, puisque par elle vous faites que « ce n’est plus nous qui vivons en nous, mais Jésus qui vit en nous ». C’est l’amour parfait que vous établissez dans nos cœurs par la sainte Eucharistie… En nous la donnant, « vous nous aimez jusqu’à la fin », non seulement parce que vous nous aimez jusqu’à l’excès le plus incompréhensible, le plus surhumain, le plus divin, mais encore parce que vous nous aimez jusqu’à produire l’effet, jusqu’à atteindre le but, « la fin » que vous poursuivez par toutes vos paroles, tous vos exemples, c’est-à-dire, l’établissement dans nos cœurs de l’amour de Dieu par-dessus tout… Combien merveilleusement vous atteignez « cette fin » par la sainte Eucharistie, puisque par elle, comme vous nous le dites ici, « ce n’est plus nous qui vivons, c’est Jésus qui vit en nous», «nous vivons par Jésus, comme il vit par son Père » !
Demandons sans cesse à Dieu d’accomplir en nous cette « fin » de ses enseignements, de ses paroles, de ses exemples, cette fin de la sainte Eucharistie elle-même, cette fin qui contient toute perfection possible et qui consiste en ce que « ce ne soit plus nous qui vivions en nous, mais Jésus qui vive en nous ». Que ce soit notre prière, notre désir de toute heure, en vue de Dieu, en vue de sa gloire… Et demandons-la pour tous les hommes comme pour nous-mêmes en vue de Dieu[[ M/451, sur Jn 6, 55-58, en C. DE FOUCAULD, L’imitation du Bien-Aimé, Méditations sur les Saints Évangiles (2), Nouvelle Cité, Montrouge 1997, 168-169.]].