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Évangile selon Saint Luc 15, 1-32

« Il va à celle qui était perdue, jusqu’à ce qu’il la trouve, et quand il l’a trouvée, il la met sur ses épaules, joyeux… »

Que vous êtes bon, mon Dieu, et qu’il est tendre ce divin Pasteur qui va, par les monts et les ravins, à travers rochers et buissons, chercher cette brebis infidèle ! C’est jusqu’au calvaire qu’il monte pour la chercher. C’est non seulement le sang de ses pieds, mais celui de tout son corps qu’il donne pour la trouver. Il donne pour elle, comme dit sainte Thérèse, son repos, son honneur et sa vie. Et il ne se contente pas de la chercher, de la chercher longtemps, non, il la cherche jusqu’à ce qu’il l’ait trouvée. Il semble qu’il soit toujours possible de sauver une âme : « Le fils de tant de larmes ne saurait périr. » « Cherchez et vous trouverez » … « C’est impossible aux hommes, mais tout est possible à Dieu. » Dieu respecte toujours la liberté humaine, mais il a des trésors de grâces d’une puissance souveraine, et il les répandra sur les âmes si nous savons les obtenir de lui, à force de prières ; bien plus, il ne demande, il ne désire que de les répandre et il nous reprochera un jour de ne pas avoir su les obtenir de lui pour tant de pauvres âmes que nous aurions pu et dû sauver par nos prières. « Demandez… Vous ne m’avez encore rien demandé… Demandez en mon nom… » disait-il, répétait-il à ses apôtres… On dit que sainte Thérèse a sauvé des millions d’âmes par ses prières, ses soupirs… Et après l’avoir trouvée, il la prend sur ses épaules. Il ne tombe pas seulement sur son cou, il ne va pas seulement à sa rencontre comme le père de l’enfant prodigue, non, il va la chercher, la chercher jusqu’à ce qu’il la trouve, et alors la charge sur ses épaules. Que vous êtes divinement bon, ô bon pasteur ! Et alors, c’est bien à cette pauvre brebis, si bienheureusement sauvée après avoir été si perdue, de se réjouir, mais non, on ne dit pas que c’est elle qui se réjouit, c’est ce bon, ce divinement bon pasteur, qui se réjouit d’avoir retrouvé cette pauvre brebis si coupable et si souillée… C’est mon histoire, ô mon Dieu, c’est ainsi que vous m’avez cherché, retrouvé, rapporté, coupable et souillé, au bercail et mis tout contre vous, non dans la bergerie ordinaire, avec les autres brebis, mais dans votre propre chambre, « in abscondito faciei tuae [1] »… Que vous êtes bon, ô mon Dieu !
Faisons aux autres ce que Jésus a fait pour nous… Imitons l’exemple de Jésus bon pasteur, en courant à la recherche des brebis égarées, par nos oraisons toujours, et par des courses réelles, matérielles, chaque fois que sa volonté nous y appelle… Courons dans ce dernier cas comme Jésus y a couru, «sacrifiant notre repos », comme Jésus dans sa vie publique, « sacrifiant notre honneur » comme Jésus conspué et condamné comme blasphémateur, « sacrifiant notre vie » comme Jésus crucifié… Courons comme le bon Pasteur, «jusqu’à ce que nous ayons trouvé la brebis» ; encore que Jésus respecte la liberté humaine, il ne met pas de limites à sa grâce et il a des trésors de grâces irrésistibles ; à nous de les lui ravir, ce qui est le plus ardent désir de son Cœur. Et après l’avoir trouvée, si Dieu nous en fait la grâce, n’ayons pour elle ni reproche, ni paroles amères, ni sévérité : le repentir descendra plus tard dans son cœur, c’est à Dieu même de l’y faire descendre par sa grâce intérieure ; nous, n’ayons que des paroles de tendresse, de compassion, d’amour; tombons sur son cou, rendons-lui sa tunique première, tuons le veau gras, prenons-la sur nos épaules, réjouissons-nous et disons aux âmes qui aiment Dieu de se réjouir avec lui, avec les anges et avec nous, car « il y a plus de joie dans le ciel pour un pécheur faisant pénitence que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de pénitence. »[2]

[1] « au secret de ta face ».

[2] M/380, sur Lc 15,1-7, en C. DE FOUCAULD, L’imitation du Bien-Aimé. Méditations sur les Saints Évangiles (2), Nouvelle Cité, Montrouge 1997, 75-77.